Le scandale commerce équitable
Le marketing de la pauvreté au service des riches
Face aux injustices du système du commerce international, le commerce équitable s'est posé comme une démarche alternative basée sur la solidarité entre les consommateurs du Nord et les producteurs du Sud. Dans les pays riches, on le décrit souvent comme un outil révolutionnaire qui a permis de transformer positivement les conditions de vie de millions de gens dans les pays les plus pauvres. Ce succès présumé est généralement illustré par la croissance des ventes de produits portant le label commerce équitable.
Ce livre, écrit avec pédagogie par un auteur qui a évolué dans ce mouvement, adopte un point de vue que l'on tardait à entendre, celui des pays du Sud. Alors qu'il est censé rétablir un regain de justice dans les relations commerciales Nord-Sud, Ndongo S. Sylla montre preuves à l'appui que le commerce équitable contribue à reproduire les mécanismes du système du commerce international. Il marginalise les pays les plus pauvres et ceux qui dépendent le plus du commerce des produits primaires. Ses gains financiers moyens sont très faibles et vont aux groupes les plus riches. Le surplus transféré par les consommateurs du Nord reste dans le Nord. En somme, si le commerce équitable parle au nom des pauvres, il bénéficie en réalité aux plus riches. Le marketing de la pauvreté au service des riches, serait-ce là l'aboutissement de cette énième entreprise de rédemption du système capitaliste ? Le dernier mot revient aux consommateurs du Nord et aux pays du Sud.