Ce livre se veut donc autant une contribution à la sociologie de la délinquance juvénile qu'un essai politique sur les formes contemporaines de la xénophobie. (Cette édition numérique reprend, à l'identique, l'édition originale de 2005.)
Entre 2001 et 2003, un thème a brutalement surgi dans les médias : les viols collectifs, rebaptisés " tournantes ". À l'instar d'autres manifestations de l'" insécurité " qui dominait alors tous les débats, ces comportements ont été présentés comme un phénomène nouveau, en pleine expansion et imputables aux seuls " jeunes issus de l'immigration " habitant les " quartiers sensibles ". La dénonciation de ces " nouveaux barbares " a fait l'objet d'un consensus médiatico-politique d'autant plus fort que le lien a rapidement été fait avec les thèmes de l'oppression des femmes et parfois avec l'islam. Au terme d'une contre-enquête mobilisant toutes les données disponibles et s'appuyant en outre sur une études de dossiers judiciaires, Laurent Mucchielli fait la lumière sur ces comportements juvéniles. Il en conteste la nouveauté autant que l'aggravation, et réfute, preuves à l'appui, la liaison fondamentale faite entre viols collectifs, origine maghrébine et religion musulmane. L'auteur montre que la mise en scène médiatique des " tournantes " participe en réalité d'une peur et d'un rejet croissant des jeunes hommes français issus de l'immigration maghrébine ainsi que d'une banalisation contestable des problèmes économiques et sociaux en termes " culturels " voire " ethniques ". Ce livre est donc autant une contribution à la sociologie de la délinquance juvénile qu'une analyse des nouveaux habits de la xénophobie.