Elle était grande et superbement bâtie, avec une silhouette pourtant élancée.
De sous son casque d'acier s'échappaient de longs cheveux rebelles qui
tombaient sur ses épaules robustes en une cascade d'or roux étincelant au soleil.
- Hé, Sonya la Rousse ! s'écria un homme d'armes. Fais-leur en baver, ma fille !
- Fais-moi confiance, compagnon, dit-elle tout en approchant la mèche enflammée
du canon.
Une formidable détonation noya le reste de ses propos et un nuage de fumée aveugla
ceux qui se trouvaient sur la tourelle. Sonya la Rousse poussa un hurlement de joie
sincère. Les Turcs gisaient à terre, le crâne fracassé et le corps déchiqueté. À cet
instant, une puissante clameur retentit de l'autre côté des murailles.
Gottfried von Kalmbach s'approcha des créneaux. Il avait déjà entendu ce cri à glacer
le sang : les janissaires se lançaient à la charge. Soliman le Magnifique n'avait pas
l'intention de perdre de temps avec cette ville qui lui barrait la route vers une Europe
impuissante. Il comptait bien abattre ces murailles dès le premier assaut...