Qui est ce seigneur des ânes ? Ronny Serpin, l'élève le plus épouvantable
que l'enseignement ait connu et qui se targue d'avoir mis une dizaine de
professeurs en dépression ? Charles Dumortier, enseignant retraité qui
n'arrive pas vraiment à se dépêtrer de ses trente-sept années de tableau
noir ? Henri Gelker, qui traîne son feu sacré d'école en école sans vraiment
arriver à l'y mettre, le feu ? À moins qu'il ne s'agisse d'une maîtresse des
ânes, comme Amélie Dumortier qui doit en faire des vertes et des pas
mûres devant ses élèves...
Après La cité des fleurs fanées et ses gentils héros, Éric Dejaeger revisite
ce qu'il reste de l'école, un endroit où tout peut arriver, où le lendemain
n'est jamais la prolongation de l'aujourd'hui. L'école, cette entité qui fait
fuir la moitié des jeunes enseignants durant leurs cinq premières années
de carrière. Il ne faut pas s'enfoncer la tête dans la boîte de craies : durant
ces quinze dernières années, le métier de professeur est devenu de plus en
plus difficile. L'auteur ne nous raconte pas ici ce qu'il en est aujourd'hui mais
bien ce qu'il en sera si les dérives (appelées sournoisement «réformes»)
telles que les enseignants les connaissent à répétition depuis les dernières
grandes grèves de 1995 continuent. Il lui semble d'ailleurs que le futur qu'il
décrit dans ce livre se rapproche beaucoup plus vite qu'il l'ait prévu.
Professeur, le plus beau métier du monde ?