Si le premier âge moderne a connu l'idée de nation, il n'y a pas mis les mêmes significations que celles qui émergent au xviiie siècle et s'imposent après la Révolution française. Par rapport à d'autres identités, l'appartenance nationale n'est ni exclusive, ni même souvent dominante. Elle n'en reste pas moins l'objet d'un intense processus de création culturelle, des cercles lettrés qui forgent des histoires nationales aux sphères dirigeantes qui lui donnent parfois un sens politique. Ce processus, tout comme les pratiques sociales liées à ce sentiment identitaire, n'est pas nécessairement lié à une structure politique et n'a rien de linéaire, comme le montre la confrontation entre les diverses expériences vécues dans l'Europe méditerranéenne aux xvie et xviie siècles. Le présent colloque s'est donné pour tâche de mettre en contact les recherches menées sur le sentiment national dans trois pays aux situations politiques radicalement différentes, qui conditionnent la diversité des questionnements historiographiques. En même temps, le lien partagé et souvent conflictuel au passé romain, les intenses relations culturelles, les rivalités politiques et dynastiques, la commune adhésion au catholicisme, non sans violence et contestations, créent des interactions et des dynamiques qui justifient cette réflexion commune sur les diverses formes du sentiment national dans l'Europe méditerranéenne de la première modernité.