« Avant de saisir le sexe dans la bouche de nos patients, chacun de nous a fait l'expérience décisive de le découvrir dans la bouche de Freud, directement ou via ses suiveurs. Ceux-ci, pour pouvoir s'autoriser de lui, en ont fait une référence impérative. Si, comme analystes, nous pouvons parler de sexualité, infantile notamment, c'est parce que la référence à Freud nous démarque de toute propension pédophile personnelle. Nous n'avons pas à craindre les accusations qu'a subies celui qui s'y est impliqué le premier. C'est l'allégeance à Freud, via l'application de sa méthode, qui a permis à notre analyste personnel de
nous faire accéder aux effets de notre sexualité enfantine. C'est la soumission à cette même méthode qui nous autorise, à notre tour, à faire intervenir le sexe dans la relation à nos patients. Mais, si le sexuel est au centre de notre univers d'analyste, il faut bien admettre que nous sommes tous, ici, arrivés longtemps après la bataille et que nous avons trouvé ce legs dans notre berceau d'analyste. Cette présence ubiquitaire de Freud dans le freudisme offre un bel exemple d'une totale disjonction entre le sujet qui énonce et celui qui affirme. »