Le sida réactive le spectre de l'épidémie, dont le monde moderne se croyait enfin débarrassé: certains en font «la peste» de notre temps, le châtiment infligé par Dieu aux groupes «déviants»; pour les néo-conservateurs, l'apocalypse rôde, les exclusions s'imposent, la «moralisation» des moeurs» balaie leur «libération» des années 60. Susan Sontag dénonce ce catastrophisme, qui justifie un contrôle accru de l'État; à travers le sida, elle nous propose une réflexion extraordinaire d'intelligence et de culture - historique, littéraire, philosophique - sur la propension qu'à l'homme à s'emparer d'une maladie pour y greffer ses métaphores les moins innocentes.
B. M.