Nombreux sont les débats, depuis plus d'un demi-siècle, concernant
l'identité féminine. Nombreuses sont aujourd'hui, au sein des
Églises, les controverses portant sur la place des femmes, les charges
qui leur reviennent, leur vocation propre. Ce livre s'inscrit dans cette
conjoncture en plaçant résolument ces divers questionnements en
regard de la confession de foi chrétienne. Son propos est d'identifier
le sens du féminin qui se fait jour, lorsque l'enquête est menée en
référence à cette vérité singulière, paradoxale, scandaleuse : celle qui
reconnaît dans le Christ, dont la vie est un total et définitif «pour
l'autre» jusqu'à la mort sur la croix, le secret de l'identité de Dieu,
autant que le secret d'une vie véritablement humaine.
Il apparaît que, exposés à semblable lumière, nos jugements anthropologiques
et théologiques sur la vie et la place des femmes subissent
quelques remaniements décisifs, qui conduisent vers des pensées
autres que celles qu'accréditent nos cultures contemporaines.
De même, relus dans cette perspective, une série de textes pauliniens
aux allures résolument misogynes («La femme a été créée pour
l'homme», «Femmes, soyez soumises à vos maris», etc.) se mettent
ainsi à dire ce qu'on avait souvent négligé d'y entendre. Ils dessinent
aussi un «signe de la femme», au prisme duquel, de par le monde,
d'innombrables vies féminines, anonymes, ignorées, voire humiliées,
manifestent non seulement leur dignité, mais leur rôle décisif dans
la vie et dans l'histoire des sociétés. Ce n'est pas un des moindres
paradoxes auxquels s'attachent ces pages que de constater, contre
la réputation de misogynie qui s'attache à l'Église, que c'est, récemment,
un chrétien, le pape Jean-Paul II, qui aura identifié et exalté
le mieux ce signe de la femme. Reste, pour nos sociétés contemporaines,
et pour l'Église elle-même, à accueillir ce signe et à le laisser
travailler les mentalités.