musique/transversales
Jusqu'à aujourd'hui, nul peintre n'a couvert un champ de relations avec la musique aussi vaste que Tom Phillips, un des peintres actuellement les plus renommés en Grande-Bretagne et dans les pays anglo-saxons. À l'instar de Paul Klee, on peut distinguer plusieurs modalités d'approche, susceptibles d'intervenir plus ou moins simultanément dans son travail : des oeuvres qui témoignent de ses intérêts en tant que mélomane, constituant une sorte de journal visuel de l'écoute attentive de ses musiques de prédilection ou de son attirance pour certains personnages d'opéra ; celles où il rend hommage, par le biais de portraits, à des compositeurs en particulier, dans une suite de collages amorcée en 1973 ; les oeuvres où il explore toutes sortes de correspondances structurelles entre certaines formes musicales, telle la fugue, et son propre vocabulaire plastique. De plus, un des domaines où fort peu de peintres ont osé s'aventurer est celui de la partition proprement dite. Les partitions musicales de Tom Phillips, en tant que compositeur cette fois, où stimulants plastiques et musicaux parviennent enfin à se joindre dans une source unique, permettent notamment d'envisager la problématique de la notation et de la graphie à partir d'une double perspective que peu de musiciens ont eu jusqu'ici la possibilité d'appréhender ; bien plus qu'un à-côté de son activité de peintre, sa production musicale instaure une dimension originale de la relation de l'interprète à la partition, dans un sens expérimental.