Yang Wan-li (1127-1206) vit à une époque où le nord de la Chine est sous la botte barbare. L'empire, alors gouverné par la dynastie des Song du sud, a pour capitale Hang-chow, la cité magique au bord du Lac de l'ouest, où Yang Wan-li, au cours des vagabondages de sa carrière de mandarin, séjournera à plusieurs reprises. Sa poésie constitue l'aboutissement de l'esthétique d'inspiration zen, dont elle exhale le parfum si caractéristique, celui de la liberté contemplative et de l'accord au monde.
À Kuang-kou, pluie nocturne
dans les gorges la rivière est limpide, dans les gorges la pluie est cinglante
au milieu de la nuit « siao siao » le son froid commence sur une bassine en cristal sautillent dix mille perles
le son clair de chaque goutte pénètre jusqu'à l'os sortant du rêve je gratte ma tête et me lève pour écouter
j'écoute, j'écoute, jusqu'à l'aube
toute ma vie j 'ai écouté la pluie et maintenant ma tête est blanche
pourtant je n'avais pas encore compris le son de la pluie, la nuit, sur la rivière printanière