Les romanciers grecs, au tournant du siècle (1880-1922), portent la conscience douloureuse des diverses formes d'aliénation, qui oppriment la vie de leurs compatriotes : hégémonie des traditions, fardeau des superstitions et des croyances, statut subalterne de la femme, injustices sociales, écrasement des faibles... Ce constat amer, ouvrant une crise des valeurs communément admises, renouvelle une production littéraire désormais marquée par l'engagement et les aspirations des intellectuels de l'époque. Reflet des mutations qui s'opèrent dans les mentalités, la prose grecque perd ainsi son caractère lénifiant pour évoluer dans le sens d'une enquête sociale, psychologique et philosophique, avant de déboucher sur la certitude angoissée du vide existentiel.
Ouvrage d'histoire littéraire, cette étude donne accès à de grands écrivains du patrimoine européen, tels que Karkavitsas, Papadiamandis, Théotokis et Chatzopoulos, peu connus en France car trop peu traduits.