Même s'il continue d'irriter, le street art est désormais reconnu artistiquement et politiquement. Véritable pollinisation du monde de rue en rue, le street art est devenu un phénomène universel puisque ce qui était initialement interprété comme du « graffiti » vandale ou rebelle a investi tous les pays, riches ou pauvres, tous les lieux, nobles ou ignobles, tous les milieux, analphabètes ou savants, toutes les activités humaines, artistiques ou scientifiques. Le street art s'expose dans les rues et les galeries, les mairies et les ministères, les penthouses et les favellas, la publicité et les entreprises, les écoles et les hôpitaux, la police et les tribunaux, les beaux-arts et le design, la politique et la religion, la haute couture et les produits dérivés, etc. Jamais dans l’histoire de la culture un mouvement n’avait produit une telle onde de choc – sauf peut-être le rock’n roll.
Mais, au juste, qu'entend-on par « street art » ? Est-ce bien de l'art ? Ou simplement un nouveau genre visuel, un nouveau style, voire une contre-culture ? N'est-il d'ailleurs qu'une affaire d'artiste – ou les artistes ne se retrouvent-ils pas au cœur d'enjeux sociétaux globaux ? Et pourquoi les hommes politiques le pourchassent-ils autant qu’ils veulent le capturer ? C'est à ces questions, et à bien d'autres, que répond magistralement Christophe Genin dans cet ouvrage.
Christophe Genin, né en 1958, est professeur de philosophie de l'art et de culture à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses travaux portent sur les cultures à l'ère de la mondialisation, sur les arts et cultures populaires au regard des processus de reconnaissance et de refus, avec leurs incidences morales et politiques. Il a notamment écrit Kitsch dans l'âme (Vrin, 2010). Il s'intéresse au graffiti et au street art depuis 1985 et a rédigé de nombreux articles et livres sur le sujet, dont Le street art au tournant (Impressions Nouvelles, 2013).