Grand philosophe, grand mathématicien, Descartes a-t-il été
aussi un grand écrivain ? La question est classique. À l'évidence,
il existe un style cartésien, dont le Discours de la Méthode offre
une sorte de bouquet, avec ses longues phrases à la construction
puissante et aux savantes modulations.
Ce style résulte d'une éducation littéraire que Descartes
n'a en vérité jamais répudiée. De quoi cette éducation a-t-elle
été faite ? Quelle relation le philosophe entretient-il avec le
langage ? Comment passe-t-il du latin, «langue de ses précepteurs»,
au français, «langue de son pays» ? De quel travail de
la pensée la phrase cartésienne est-elle le théâtre ?
Ces questions n'ont rien de subsidiaire. Se pencher sur le
style de Descartes, c'est s'engager dans un voyage à travers ses
textes. Des notes de jeunesse jusqu'aux dernières lettres, on
y rencontrera des paysages presque ignorés, où s'incarne, au
plus loin des simplifications scolaires, une pensée d'une audace
restée inouïe.