2023 a vu se multiplier les forums amplifiant, de plus en plus, la voix d’un « Sud global ». Pour contradictoires et divisés qu’ils soient, ces forums (Brics+, OCS, G20, groupe des 77, sommet des Nouvelles routes de la soie...) expriment de nouveaux rapports de force, et surtout de nouvelles diplomaties, refusant l’alignement sur les puissances hier dominantes et privilégiant les intérêts d’États. Un nouveau monde se dessine, aux contours mouvants, encore incertains.
Au-delà des logiques de recomposition diplomatique, les chaînes d’approvisionnement constituent un autre facteur décisif pour appréhender le monde de demain, surtout quand elles concernent les matériaux critiques pour les technologies de la transition industrielle et énergétique. Les accords et solidarités qui s’ébauchent ici seront déterminants. Le choix des logiques à privilégier, logiques économiques ou logiques politiques, est aujourd’hui un enjeu stratégique essentiel.
C’est que l’économie reste, in fine, la condition de la puissance. À cet égard, l’Occident a sans doute mal anticipé la résilience d’une économie russe plus vivace qu’imaginé, même si la mobilisation et l’isolement induits par la guerre annoncent, à terme, des jours difficiles pour Moscou. Quant à l’Égypte, acteur pourtant central du nouveau drame proche-oriental, l’état dramatique de son économie cache mal une dégradation politique et sociale plus générale, et préoccupante.