Deux courts traités du shivaïsme du Cachemire, et leurs commentaires, encore inédits en France, qui ouvrent sur l'expérience directe de l'Eveil.
Dans la région du Nord-Ouest de l'Inde, principalement au Cachemire, dès la fin du haut moyen-âge (Xe-XIe siècles de notre ère) bouddhisme et shivaïsme connaissent un essor exceptionnel. Les témoignages écrits sur les voies de l'Éveil sont nombreux et rien ne semble susceptible d'endiguer la force et la liberté de leurs expressions. Dans ce contexte foisonnant, surgissent des œuvres remarquables du fait de leur pertinence, de leur érudition, de la vigueur de leur 'révélation' ou de l'induction suggérée dans les intensités silencieuses qui abolissent, sans effort, les flux conceptuels incessants.
Les deux traités dont nous honore Vāmanadatta relèvent de multiples influences et pourraient revendiquer leur appartenance à chacun des courants majeurs du shivaïsme du Cachemire, que ce soit le Trika, le Spanda, la Pratyabhijñā ou encore le Krama-Mahārtha. En effet, le caractère central de ces textes est la vivante expérience de l'Éveil. Par ailleurs, leur forte parenté avec le Vijñāna Bhairava Tantra place d'emblée ces deux œuvres dans une approche élargie de l'école Krama à laquelle se rattache Vāmanadatta. L'apport spécifique de cette école se singularise ici sous deux aspects synergiques : la forte présence de l'énergie intérieure surrective et l'apaisement des flux conceptuels. Délaissant les analyses complexes portant sur la perception, la mémoire ou la durée, ces deux œuvres concèdent au lecteur une base conceptuelle minimale relative à la critique des moyens de connaissance ; puis d'emblée, ils s'ouvrent sur l'expérience directe de l'apaisement profond, de la vivante vacuité qui en ressort et des états d'éveil et d'efficience qui éclosent en celle-ci.
Chacun appréciera, en fonction de son propre 'état intérieur', la profondeur du dire de notre auteur en découvrant ce verbe qui atteste d'une liberté fondamentale, quintessence surgissant au cœur de la conscience de soi.
Née à Mumbai (Inde), Jyoti Garin a poursuivi ses études au sein de l'ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry. Établie en France depuis une trentaine d'années, elle est docteur en langues, littératures et sociétés (Inalco, Paris, 2005). Les trois axes de ses activités sont l'enseignement, la traduction littéraire (une dizaine de publications) et la promotion de la culture indienne grâce à un site plurilingue, https://www.chatranjali.fr.
Ram, chercheur indépendant, prend connaissance des travaux de Lilian Silburn en 1963 et rencontre cette grande indianiste en 1966. En 2000, il publie une étude sur les processus cognitifs et la gestion du mouvement (Désiris). En 2001, il fait donation de sa bibliothèque indianiste à l'Université de Provence (fonds Ram-Koha).