Ce livre part du différend qui a opposé Frege et Husserl à propos
du psychologisme. Comment ces deux pensées tournées vers une
réflexion sur l'arithmétique ont-elles pu parvenir à deux conceptions si
différentes de la logique ? Il est apparu qu'il s'agissait d'évaluer l'idée de
représentation qui est au coeur du problème. L'un et l'autre la conçoivent
de manière différente : Frege pense qu'il s'agit d'une faculté psychologique
indispensable à l'être humain pour agir. La pensée commence lorsque
le lien avec la nature est rompu : le langage naturel et les langages
artificiels permettent de s'affranchir du rapport de la représentation à
l'action. Husserl ne croit pas que le recours aux symboles et aux signes
soit nécessaire pour s'affranchir du rapport à la sensibilité et penser.
Il suffit que la représentation se réfléchisse en représentation de la
représentation. Le désaccord vient donc d'une conception différente de
la représentation et des symboles pour penser. Faut-il (se) représenter
pour penser ou y a-t-il place pour une pensée symbolique et aveugle ?
Toute une métaphysique sous-jacente apparaît qui, à partir de la
distinction transcendantal-symbolique, pose le problème du temps à
l'intemporel, de la liberté à la loi, de l'idéal au virtuel...