À l’instar des autres professions, les inscrits maritimes, qu’ils soient pêcheurs, marins de commerce ou officiers de la marine marchande, se regroupent à la fin du XIXe siècle pour défendre leurs intérêts. Régis par un statut unique dont les origines remontent à l’Ancien Régime, ils cherchent à constituer une seule organisation, la Fédération nationale des syndicats maritimes. Mais cette volonté d’unité se heurte très vite aux intérêts divergents des différentes corporations et à la division du syndicalisme français. Le pluralisme s’installe alors peu à peu, avec la multiplication des syndicats et des fédérations. Au-delà de l’étude approfondie de ces organisations, l’ouvrage de Ronan Viaud aborde les évolutions techniques et économiques de la marine marchande et des pêches, les nombreux conflits nationaux et locaux qui ont touché les ports français durant la première moitié du XXe siècle, le développement de la négociation collective, l’évolution de la législation et les tentatives de réorganisation, notamment corporative, des professions maritimes. Il ressort de cette étude que trois types de syndicalisme peuvent être distingués dans les professions maritimes : celui des marins de commerce et des agents du service général, un « syndicalisme de classes » proche de celui des travailleurs de l’industrie et caractérisé par le syndicat des marins de Marseille ; celui, réformiste, des pêcheurs de la côte atlantique, un « syndicalisme de producteurs », ayant des points communs avec le syndicalisme agricole ; enfin celui, également réformiste, des officiers de la marine marchande, assimilable à un « syndicalisme de cadres ». En dépit de la spécificité des métiers de la mer, les inscrits maritimes ont donc développé des formes d’action syndicale qui présentent de nombreuses similitudes avec celle des « terriens ».