Que veut dire Valéry lorsqu'à propos de Léonard, il affirme qu'il a "la peinture pour philosophie" ? Et cette formule ne serait-elle pas tout aussi appropriée pour traiter de l'oeuvre de Valéry lui-même ? C'est qu'une communauté invisible rassemble des écrivains aussi différents que Fromentin et Claudel, Valéry et Artaud, Ponge et Genet : les uns et les autres se sont reconnus comme les destinataires privilégiés de la peinture, et en quelque sorte pour ses héritiers : comme si la peinture leur avait révélé le ressort de l'écriture ou parce que, peut-être, elle seule avait pu leur permettre de parler avec justesse de leur pratique d'écrivains. "Le tableau et la page" s'attache à suivre les fils multiples de l'identification entre ces deux medium. Au détour des lectures diverses que firent Fromentin de Rubens, Beckett de Bram van Velde, Huysmans de Goya, Artaud de Van Gogh, Genet de Rembrandt, ou Ponge de Fautrier... le livre parcourt les trajets complexes qui mènent de l'oeil à l'esprit en passant par la main et propose ainsi une lecture inédite et subtile du "faire" artistique.