Le Tao du Toreo
Le 16 septembre
Il est des dates qui s'affranchissent des années et des siècles. Personne n'oublie que les privilèges furent abolis la nuit d'un 4 août, qu'il y eut un coup d'État un 18 brumaire et un appel un 18 juin. Désormais, sublimant toutes les tours écroulées, l'éphéméride retient que septembre a trouvé son jour de haute mémoire le 16, entre 11 h 30 et 14 h 02, dans les arènes de Nîmes.
À qui donc faudrait-il rappeler ce qui s'est accompli en ce lieu, par fort soleil et mystère avéré ? José Tomás, seul face à six toros, appartenait continûment, et de droit décidément divin, à la seule mythologie qui vaille : celle qui sait enchanter un réel en expansion constante. L'indicible, à ce point calligraphié sur le sable, ne peut être effacé des registres du temps.
Alors, ce Tao du Toreo, dont le sous-titre pourrait être : De la tauromachie considérée comme un nouvel art martial. Une suite de poèmes brefs qui, à la manière des séquences du recueil de Lao Tseu, évoquent ce qui s'est incarné, ce qui s'est risqué là, avec dans un même mouvement les dessins qu'Ernest Pignon-Ernest a consacrés au Maestro de Galapagar. Une traduction de Vivian Lofiego vient en écho, afin que résonne au plus près la langue de Garcia Lorca, de Machado et de José Bergamín.