En 1913, la France termine la conquête de la partie nord du Tchad. Le colonel Largeau entreprend de chasser la seule force organisée qui s'oppose à son avance : la Senoussia, appuyée par une présence symbolique de la Turquie.
Pressentant qu'un islamisant se révélerait utile, il s'est adjoint le lieutenant Djian, jeune officier des affaires musulmanes en service au Maroc oriental. Après un long voyage qui lui fait longer la côte d'Afrique et remonter le Congo, voie normale pour les militaires européens qui vont servir au Tchad, Djian fait ses premières armes. Les lettres qu'il enverra à ses parents seront publiées dans une revue oranaise et font l'objet de la première partie de ce livre.
Comme l'avait prévu le colonel Largeau, sa présence s'avère utile. Il est chargé d'interroger les prisonniers et de dépouiller les archives volumineuses laissées par la confrérie.
De retour à Fort-Lamy, il est chargé de faire une synthèse des documents récupérés. Il ne la terminera qu'après son retour en France.
En 1916, quand Kaocen fera le siège d'Agadès et essayera de soulever l'Est-saharien, cette étude sera diffusée dans les postes sahariens et restera confidentielle.
Son principal intérêt, outre l'étude sur la confrérie senoussiste, est de montrer l'histoire de la conquête du Tchad telle qu'elle a été vécue et ressentie par un adversaire. Présente au Kanem depuis le début du siècle, la Senoussia possédait une organisation et des archives, ce qui est exceptionnel pour cette période de l'histoire africaine.
On connaît peu de choses sur la vie de l'officier interprète Djian. Il semble que ce soit son unique séjour en Afrique noire, et que, par la suite, il ait continué à servir au Maroc.