La philosophie d’Emmanuel Levinas est souvent présentée comme une philosophie de l’éthique et fut associée à des notions telles que le visage, autrui ou la responsabilité. Or, ces notions peuvent être comprises à partir d’un primat accordé au temps. Levinas propose en effet une philosophie du temps dans un dialogue avec d’autres pensées (Lavelle, Bergson, Rosenzweig, Husserl, Heidegger). Rappelant combien les premiers écrits de Levinas délivrent une philosophie du sujet et de l’instant, l’ouvrage se propose d’expliquer le développement de cette philosophie et de son éthique à partir de son rapport à la temporalité. Si autrui délivre l’avenir sur le mode du désir, Sophie Galabru montre comment, à partir de 1963, autrui s’aborde chez Levinas comme un passé immémorial et impose la violence des remords et de la culpabilité. C’est donc tout le sens et le rythme du désir qui se trouvent radicalement infléchis.