Il n'était qu'un homme au volant
d'une auto, par un soir de pluie glacée,
dans le grouillement lumineux
de Paris d'abord, puis dans les rues
de banlieue, sur la grand-route enfin,
où d'autres voitures passaient entre deux
gerbes d'eau, et il avait vu des poteaux
indicateurs, sans les lire, avant
de s'enfoncer dans cette forêt immense
où les sapins formaient une voûte
au-dessus de lui. Il était le centre exalté,
douloureux du monde, et chaque goutte
d'eau que balayait l'essuie-glace était
un astre, la pluie oblongue que les phares
semblaient engloutir était faite
de millions d'étoiles, les autres phares,
tout à l'heure, sur la grand-route,
ces yeux glauques qui sortaient du néant
et s'y précipitaient avec un grondement
étaient, comme lui, des météores
poursuivant leur course haletante
dans l'infini.
Pourquoi Albert Bauche a-t-il tué ? Où se trouve la vérité ?