Le héros de ce roman, Saleh Heissa (Saleh Barouf), est le
mystérieux garcon en chef d'une fumerie de haschich située
au centre du Caire, dans une enclave de vieilles bâtisses
effondrées jouxtant les quartiers chic. Pour y accéder, plusieurs
voies sont possibles, toutes peuplées de personnages
pittoresques, et toutes semées d'embûches. Mais à l'intérieur
de cette masure en brique de terre séchée, loin des yeux de
la police, c'est le plaisir des histoires partagées, des volutes de
fumée sortant des narghilehs et des recharges farcies au
haschich qu'on s'échange avec civilité.
En ces années 1970, juste après la mort de Nasser, les intellectuels
bohèmes qui fréquentent la fumerie sont fascinés par
Saleh. Qui est au juste cet homme étrange ? Un gueux ou
un prince ? Ne serait-il pas plutôt le fils d'un notable déchu ?
L'énigme ne cesse de s'épaissir jusqu'au dénouement final.
Dans la littérature égyptienne d'aujourd'hui, Khayri Shalabi
représente une tendance néoréaliste dans la lignée de
Naguib Mahfouz. Le naturalisme chez lui cède le pas à une
évocation tendre et souvent moqueuse du petit peuple du
Caire, des marginaux, du kif, de l'engagement des intellectuels
et de leur désengagement.