En six soirées, Jean Moréas et Paul Adam se font conteurs, et documentent à peu près tout ce qui constitue l'esthétique fin-de-siècle. De la Décadence, du Naturalisme, du Symbolisme le plus songeur, beaucoup de thèmes sont instruits : les villes flamandes, les Belgiques et les Hollandes brumeuses ; l'atavisme, les vices, les difformités, les amours jaunes, la fatalité, les masques et autres monstres... La préciosité balance avec le transgressif, le morbide avec l'irrévérence, l'orfèvrerie avec le grotesque, tandis que les recherches stylistiques sont saisissantes, où la syntaxe et le lexique sont raffinés à l'extrême. Fashionables et somptueux, les contes (autant parfois de poèmes en prose) du Thé chez Miranda (1886) sont un spectacle moderne, moderne au sens baudelairien, où se rencontrent « quelque chose d'éternel » et « quelque chose de transitoire », où la beauté serait comme extraite « d'humanités flottantes ».