Max Frisch
L'oeuvre dramatique de Max Frisch développe sous forme ludique et métaphysique la pensée d'un moraliste convaincu que la dignité de l'homme réside dans la liberté, à rebours de la culpabilité, la bien-pensance, le narcissisme, l'infidélité, l'ennui, l'affabulation, la conscience qui fractionne la réalité, le rêve qui l'unifie et la fait disparaître, la fatalité des stéréotypes... Il est difficile d'affilier cette oeuvre dont les vertigineux huis-clos résonnent autant avec la dramaturgie brechtienne qu'avec le pirandellisme ou les théâtres de l'absurde.
Démystificateur de tous les songe-creux identitaires, Max Frisch fut entre autres l'inventeur du personnage subversif du « faux juif », là où William Faulkner, Boris Vian puis Philip Roth imaginèrent celle du « faux blanc » . Son théâtre du doute absolu et de la dérision, théâtre de la conscience politique plus que théâtre politique, constitue un solide remède pour notre époque éprise de certitudes.