Les recherches menées en histoire de la philosophie s'appuient
souvent sur des thèmes ou des concepts qui permettent de mettre en
valeur un aspect significatif de l'oeuvre de l'auteur. Descartes est sans
doute l'un des philosophes et savants qui a suscité le plus grand nombre
de commentaires. Or il semble, à première lecture, qu'il ait peu parlé
de l'enfance, en tout cas de la sienne. Peut-on accepter cet éventuel
oubli ? Une lecture attentive des textes ne nous permet-elle pas au
contraire de faire appel à de nombreux éléments biographiques dont
l'influence sur l'ensemble de sa pensée n'est pas négligeable ? En tout
cas, la notion d'enfance «en général» ne semble ni secondaire ni
marginale pour Descartes. Le projet philosophique de ce livre est
d'appliquer ce thème à quelques-unes des grandes idées sur lesquelles
la philosophie cartésienne prend appui : entre autres, la physiologie du
foetus et sa relation à la mère, la genèse de l'homme adulte, le problème
moral, la question de l'animal, les comportements sensibles, l'importance
du langage et, en fin de compte, la complexité des relations entre l'âme
et le corps.