LE TOUR DE FRANCE
Plus que centenaire, le Tour de France demeure avant tout une aventure humaine et sportive. Néanmoins, au fil des ans, par relais intergénérationnel, la Grande Boucle s'est constituée en « patrimoine national », avec le maillot jaune pour étendard de la « France de juillet » en temps de paix.
Loin de se situer hors du champ politique et social, son histoire est intimement liée à la grande Histoire, et le Tour a accompagné et subi les évolutions de la société.
Né des suites de l'affaire Dreyfus, le Tour s'est vite lancé à l'assaut des frontières, « annexant » l'Alsace-Moselle dès 1906, pour épouser parfaitement les contours de l'Hexagone en 1919. Boudé par le public durant les Années folles, le Tour a retrouvé sa popularité en 1930, avec la création des équipes nationales, ferments d'un chauvinisme de mauvais aloi alors que s'annonçait la montée des périls en Europe. Et le Front populaire fit de Vietto le symbole des valeurs qu'il promouvait.
Après la guerre, sa reprise en 1947 a matérialisé la « reconstruction », tandis que les équipes régionales portaient haut le flambeau du « désert français ». La rivalité Coppi-Bartali a partagé l'Italie de la dualité, avant que l'opposition Anquetil-Poulidor ne divise la France « référendaire » du général de Gaulle. L'avènement de la société de consommation et de la télévision s'est accompagné de l'arrivée des groupes « extra-sportifs » en 1962, puis la crise économique des années 1970 n'a pas épargné le Tour. Son champ médiatique s'est étendu dans les années 1980 avec la mondialisation. Enfin, le dopage institutionnalisé, révélé en 1998, peut s'analyser comme un syndrome de la « société de la performance à tout prix ».
C'est ce regard alternatif sur le Tour de France que l'auteur vous propose. En annexes, la biographie de tous les vainqueurs et le palmarès.