Le tour du noeud, achevé en 2009, est l'une des pièces majeures de son auteur, l'une de celles où apparaît le mieux sa vision du monde, et certainement pas la moins dérangeante. La profondeur de son contenu philosophique s'allie à une intensité dramatique parfois terrifiante.
Le tyran de Sicile, agonisant, appelle son grand ami, philosophe athénien, pour dénouer le noeud qu'il a lui-même noué : il a promis toute sa fortune à son plus jeune enfant, déshéritant ses deux autres fils qui du coup sont prêts à tuer leur demi-frère. Le philosophe est déjà venu vingt ans plus tôt pour empêcher un précédent meurtre, en vain. Cette fois encore, animé des meilleures intentions, il a beau discuter avec tous les membres de la famille, il ne fait qu'embrouiller la situation, et l'apparition du jeune homme va déclencher la catastrophe.
Dimitriàdis exprime dans cette pièce, à quoi il tient énormément, son opposition radicale à la philosophie platonicienne. Ce palais plongé dans l'obscurité, c'est la caverne de Platon ; le philosophe, c'est Platon lui-même sous un autre nom, l'idéaliste confronté au monde réel sur lequel ses nobles idées se fracassent. Le tour du noeud culmine dans un finale d'une violence terrible et d'un pessimisme absolu.