Le Tout, le Rien et le reste
« Je soupçonne que l'Univers est sans commencement,
Sans fin. Mais l'Infini, non moins que l'Éternel, nous ment,
Comme nous moquent en passant le vent insaisissable,
La fuite de l'eau sur la pente ou le filet de sable Entre deux vases transparents et sans fond que remplit
En permanence le présent pour aller vers l'oubli. Dans une étreinte qui, de soi, l'assure et le déleste, L'Univers est l'unique instant où le Tout, à la fois, S'accomplit et se change en Rien ; où Rien, en contrepoids,
Devient le Tout qui se dérobe. Un éclair.
Et le reste,
C'est le Soleil et les bouquets de la voûte céleste ;
C'est vous, c'est moi, le vent, la violette au fond d'un bois. »