Le transfert et le désir de l'analyste
Que le transfert soit seulement l'ombre d'un amour passé qui se répète sur la personne du médecin et que le désir de ce dernier n'y soit pour rien ; qu'il renvoie au fantasme de l'analysant dont l'objet reste un x indéfini ; qu'il implique l'impasse parce qu'il est tout à la fois le moteur de l'analyse et celui de la résistance : telle fut la conviction de Freud, qui laissait le transfert impensable. Après Freud, dans une série d'études dont il est rendu compte ici exhaustivement, on a ainsi oscillé autour des thèmes pré-analytiques de l'identification de l'analysant à l'analyste (comprise soit comme idéal du moi, soit de surmoi, soit de moi sain). Repenser le transfert implique de l'analyser à travers les jeux autonomes du signifiant : il se porte sur une personne pour autant qu'elle masque l'objet perdu du fantasme, et ne peut se dénouer que parce que l'analyste est lui-même habité par un désir bien en place, c'est-à-dire débarrassé de tout vouloir-savoir. Telle est la structure du transfert ressaisie pas à pas par Jacques Lacan, la seule qui permette d'articuler transfert, résistance, liquidation. En somme, de rendre intelligible la psychanalyse.