Le travail non rémunéré
Le constat de l'importance du travail des femmes, et a contrario de leur pauvreté persistante et même grandissante malgré les politiques publiques promotrices du genre, traduit un hiatus relatif à la manière dont l'analyse économique appréhende la contribution productive des femmes et l'intègre à la lutte contre la pauvreté.
Cette réflexion soulève la question du travail non rémunéré en sciences économiques qui s'inscrit dans le débat plus global de la comptabilisation de la production non marchande des ménages. Ce débat remonte aux précurseurs de la comptabilité nationale tels que William Petty (1664) et aux économistes néoclassiques avec une notion évolutive du concept de production du 19e siècle à nos jours. En comptabilité nationale, le produit intérieur brut (PIB) reflète-t-il la réalité des créations de valeur ? Qu'en est-il des productions non marchandes telles que le travail non rémunéré ? Si celui-ci est aussi bien le fait des hommes que des femmes, force est de reconnaître qu'il est davantage l'apanage des femmes. Ainsi, le travail des femmes est largement sous-estimé dans les pays en développement, particulièrement en zone rurale.
Le présent ouvrage établit le lien entre l'évolution dans la pensée économique du discours sur la pauvreté, l'intégration progressive des rôles sexués à l'analyse économique et la comptabilisation du travail non rémunéré en prenant comme cas pratique le Burkina Faso. L'ensemble de la réflexion est placé au coeur de la théorie des capabilités développée par l'économiste Amartya Sen (1999), prix Nobel d'économie (1998). Ainsi, l'ouvrage propose, dans une perspective aussi bien macroéconomique que microéconomique, une alternative en faveur d'un développement humain reposant sur des fondamentaux économiques soucieux d'équité.