Le travail social a toujours constitué un secteur d'emploi attractif pour les femmes, y compris, dès sa construction, dans des postes de direction. Pourtant, tout au long du XXe siècle, elles se sont vues progressivement écartées des postes à responsabilités. Si aujourd'hui on constate une féminisation des fonctions d'encadrement, ce processus garantit-il pour autant l'égalité entre les femmes et les hommes dans ce monde professionnel ? Ces observations et ce questionnement sont à l'origine d'une enquête réalisée par Véronique Bayer. La sociologue retrace d'abord les processus d'entrée, d'exercice et de mobilité des femmes et hommes cadres et souligne l'actualité de la division sexuée au sein du travail social. Puis, au travers des récits des professionnel·le·s, elle mesure combien certains modes d'encadrement sont traversés par des normes de genre (gestion, care), pendant que d'autres (néomanagement, caring management) prétendent, eux, les dépasser. Avec l'intention de renouveler la critique du travail social dans une perspective féministe, cette étude interroge les fondations puis l'évolution du travail social en France au cours des dernières décennies.