Le Tremblement de terre de la Martinique
Le Tremblement de terre de la Martinique, de Lafont et Desnoyer (1840), est un texte qui mérite bien de revoir le jour. Certes, il emprunte une partie de son intrigue au roman Outre-mer, de Louis Maynard de Queilhe, et déploie, par conséquent, certains stéréotypes et opinions de l'époque. Il exploite aussi un cataclysme dévastateur récent à des fins spectaculaires et commerciales. Mais, cette oeuvre - à la fois pièce de circonstance et adaptation dramatique non reconnue jusqu'à ce jour - ne manque pas d'originalité. Son action se situe dans un hors-texte de débats et de combats, d'interventions et d'expansion coloniale que la France mène à l'époque. Elle souligne les différences et les liens entre la législation et l'opinion en France et en Martinique sur l'abolition de l'esclavage : en France les gens de couleur ont une égalité dans les faits que n'ont pas leurs homologues dans les colonies. Enfin, elle emploie la géographie de la Martinique de manière symbolique pour mettre en scène les tensions raciales qui risquent à tout moment de mener à un séisme d'une tout autre nature qui entraînerait, lui aussi, la ruine de la colonie. C'est peut-être un gros mélodrame, mais c'est un ouvrage plus intéressant qu'on ne l'aurait cru si on sait bien lire entre les lignes.
« Planteurs déchaînés contre ceux qui vous signalaient le danger, ouvrez enfin les yeux : vous dormiez sur un volcan. »
Abbé Grégoire