C'est au Vauban que bat le coeur de Brest. Cet hôtel-restaurant-brasserie-dancing et salle de concerts a accueilli les plus grands. C'est un théâtre perpétuel, une ronde magnifique et redoutable de trognes sans âge, d'amants terribles ou de visages amis, un kaléidoscope de fortunes de mer, fait d'impasses, d'accidents, de renaissance ou de naufrage. Ce lieu est concentré de Brest, de vie. Ici c'est le Vauban, ici c'est Brest !
La dernière fois que Léo a mis les pieds à l'hôtel Vauban, il y a pris une cuite mémorable. Nombreux sont ceux qui sont perdu un ou deux morceaux de souvenir dans les recoins de ce haut lieu de la mythologie brestoise. La salle doit être construite en pente, faut croire, pas possible d'expliquer autrement cette glissade inexorable, et inévitable, de ces pauvres gars venus boire juste un demi, qu'on retrouve à l'aube dans la salle de jazz, au sous sol, accrochés au comptoir. Comme dit Yves dans ses grand moments : « Le Vauban, il doit être hanté. Un méchant sort jeté dessus. À moins qu'on l'ait construit sur un cimetière indien ».
Extrait de Mon nom est Person, les enquêtes de Léo Tanguy, Arnaud Le Gouëffec, Coop Breizh, 2010.