Le végétarisme et ses ennemis
Les revendications des végétariens et des véganes suscitent des réactions hostiles. Aux États-Unis, l'industrie agro-alimentaire a interdit que l'on filme les sévices subis par les animaux d'élevage, tandis qu'en France, on estime que la fermeture des abattoirs précipitera le déclin moral de l'Occident.
Cette querelle n'est pas récente. Les pythagoriciens condamnaient déjà la consommation de viande lorsque les stoïciens enseignaient que les bêtes n'existaient que pour satisfaire l'espèce humaine. L'Église a longtemps prêché cet anthropocentrisme radical, avant que les philosophes des Lumières ne le contestent vigoureusement. « La justice ne devrait-elle pas concerner tous les êtres sensibles ? », demandèrent-ils. N'est-il pas inhumain de tuer pour se nourrir ? Depuis le XIXe siècle anglais et à la faveur de l'écologisme contemporain, les discussions ont redoublé.
L'histoire du végétarisme est celle d'un débat ancien et fascinant, qui porte moins sur les animaux ou l'alimentation que sur l'espèce humaine, ses devoirs et ses prérogatives, sa place dans l'univers, sa nature biologique et spirituelle.