Voici l'un des textes les plus singuliers parmi ceux qui
proviennent des camps nazis de la mort. En octobre 1944,
déportée depuis un an à Ravensbrück, Germaine Tillion choisit
d'aider ses camarades en les entraînant dans la création d'une
oeuvre. Cachée au fond d'une caisse d'emballage, elle rédige
une «opérette-revue» consacrée à la vie au camp - comédie
loufoque et en même temps analyse lucide de l'univers
concentrationnaire. Faire mieux comprendre à ses compagnes
d'infortune la situation dans laquelle elles se trouvent tout en
les faisant rire, tel est le but que se donne - et qu'atteint - cette
oeuvre insolite : voir son propre malheur à distance permet de
mieux lui résister.