Le vêtement de travail traduit le contenu de l'ouvrage mis sur le métier, la deuxième peau exprime la façon dont les salariés interrogés ont défini leur vêtement de travail. Endosse, il construit le statut, chacun y donne du sens selon qu'il est choisi ou imposé, selon son sexe, son appartenance culturelle, en fonction des époques et des circonstances. Le bleu, la salopette, les uniformes, la robe, le tablier, la blouse, le costume-cravate : au travail l'habit fait-il le moine ?
Ce livre rassemble de nombreux témoignages sur le rapport intime et sociopolitique au vêtement de travail. Les contributions sont celles d'hommes et de femmes appartenant à la fonction publique, d'employés dans l'hôtellerie, la restauration, les métiers de bouche, de travailleurs sur les chantiers, dans des entreprises de production industrielle ou dans le secteur tertiaire, ou encore d'artistes ou de personnes liées au monde rural.
Au fil des rencontres et des échanges, la trame du livre s'est tissée à partir de petits romans dépassant du vêtement, car le sujet était ailleurs. Dans la doublure se cachaient les émotions au travail, les gestes, les postures, les relations avec les objets, avec les collègues, la hiérarchie, tout ce qui donne du sens au travail. Au fond des poches de chaque tenue, des paroles cousues trop longtemps, soudain se sont faufilées pour que le « chirurgien de la chaussure » ou le boucher avec sa cravate « à la Bécaud » osent dire comment il fait avec ses valeurs, ses exigences de beauté et d'hygiène, pour un travail bien fait.