Par faim de justice ou de vengeance, mais aussi, chez certains, par souci de préserver des intérêts très concrets, les gens de Fuente Ovejuna tuent le commandeur - qui ne savait pas, rappelle la putain Jacinta, qu'on ne peut tout prendre sans donner un peu - puis se nourrissent de sa dépouille. Le roi ordonne pour l'exemple que l'on mette le feu au village et qu'on lui en amène les habitants. Tous n'admettent de responsabilité que collective et, s'entendant condamner à la décapitation, se précipitent sur les gens de la cour pour les dévorer jusqu'à l'os. Telles sont les deux scènes paroxystiques de l'extraordinaire histoire de mangeaille, de sueur, de crasse, de sexe, de sang et de mort que, dans une langue d'une force brutale, retrace Le Village en flammes de Fassbinder, bien loin de la noble comédie en vers de Lope de Vega, expression d'une âme collective, où le droit triomphe.