Texte intégral révisé suivi d'une biographie de B. Traven. Il y a dans l'œuvre de Traven un noyau d'anarchisme philosophique non sans quelque rapport avec celui d'un autre solitaire, Henry David Thoreau. Individualiste convaincu, il s'attaque aux aspects inhumains du pouvoir sous toutes ses formes et le credo de tous ses livres est: ni races ni pays, seulement des individus: telle est l'essence de son anarchisme bienveillant. Bien sûr, le lecteur n'a pas besoin d'être averti de la vie mouvementée de Traven ni de sa philosophie et de son engagement politique pour goûter les histoires exceptionnelles qui composent ce recueil de nouvelles ayant pour cadre le Mexique, sa patrie d'adoption, où se cotoient des descendants d'indiens Aztèques, des paysans espagnols et des "gringos" (Américains du Nord) tentant d'imposer leurs croyances. L'auteur du "Trésor de la Sierra Madre" (rendu célèbre par l'adaptation cinématographique de John Huston) y explore le folklore et les légendes de l'Amérique centrale, visitant les ruines mayas, conduisant du bétail à travers le pays, aidant un révolutionnaire clandestin blessé, faisant la connaissance d'un conteur que tout inspire et qui parle à la manière d'un Indien tressant ses rêves sous la forme de paniers. Dans la longue nouvelle intitulée "Macario", il propose une version mexicaine du vieux thème faustien: Macario l'affamé, qui gagne à peine de quoi manger en coupant du bois, est un personnage universel affrontant la Mort. Les histoires de B. Traven, comme ses romans, sont typiquement américaines par leurs décors et leurs thèmes: l'éternelle poursuite, par l'homme, de sa vérité, de sa dignité et de la liberté individuelle.