N'en déplaise aux hellénomaniaques, il y eut aussi des philosophes
romains, il y eut même des Romains, comme Marcus Tullius Cicero,
pour oser, parce qu'elle était claire, précise, belle enfin, philosopher
dans leur propre langue. Ainsi le latin, langue d'un peuple,
«amoureux et avide de races étrangères», selon la formule célèbre
de Nietzsche, devint en Occident, pour presque deux mille ans, la
langue vivante de la philosophie, celle de saint Augustin, de saint
Thomas, de Ficin, de Descartes, de Spinoza, de Leibniz. Dans ce
Vocabulaire latin de la philosophie le dessein est triple : établir des
ponts avec la terminologie grecque, faire apparaître les équivoques
possibles, mais, avant tout, illustrer les divers sens de chaque mot,
d'Absolutus à Voluptas. D'où l'abondance des citations ou, à défaut,
des références, car il s'agit de procurer au lecteur, souvent réduit à
lire les textes philosophiques latins en traduction, un instrument
d'accès aux originaux.