Le voyageur incertain
Maurice Carême séjourne pour la première fois à l'abbaye cistercienne d'Orval à la Pentecôte 1954. Durant dix-sept années, le poète fréquente l'abbaye, et noue avec plusieurs moines une relation durable, reprise chaque été, soutenue même parfois par des échanges épistolaires.
Qu'est-ce qui a pu conduire cet écrivain célèbre à la vie bien remplie, aux écrits couronnés par de nombreux prix littéraires aussi bien en Belgique qu'à l'étranger, à passer deux mois par an dans un monastère ?
Connu pour avoir chanté l'amour de la vie, l'enfance dont l'appréhension du monde est naturellement poétique et l'attachement au terroir, Carême est aussi un homme tourmenté qui se rend à Orval comme bon nombre de pèlerins en quête de la source. C'est en poète, cependant, qu'il entreprend sa traversée du désert et qu'il vit ce temps de confrontation à soi-même.
Inspiré par ses longues promenades en Gaume, par ses méditations et ses lectures dans le silence recueilli du monastère, il rédige, pour lui comme pour ses frères humains, le recueil Heure de grâce, témoignage généreux d'un cheminement difficile vers l'innommé.