Le web 2.0 en perspective
La formule web 2.0 a été récemment forgée, au milieu des années 2000, pour désigner une nouvelle génération d'applications internet dont les plus connues se nomment YouTube, MySpace ou encore FaceBook, et rassemblent aujourd'hui plusieurs millions d'utilisateurs. L'emploi de cette formule s'est étendu dans pléthore de discours (journalistiques, politiques, mais aussi scientifiques) pour célébrer l'avènement d'un nouvel âge de l'intemet - le web 2.0 - et la promesse d'une véritable transformation de la société.
Le présent ouvrage se place à contre-courant de ce type d'affirmations prophétiques, non pour en critiquer les idéaux (participation, égalité...), mais pour montrer que l'utopie techniciste ne se transforme pas « naturellement » en réalité sociale. De nombreux exemples choisis dans les domaines de l'information et de la culture, particulièrement mobilisés dans les discours sur la « révolution internet », étayent le propos : blogs dédiés au journalisme « citoyen », échanges en réseau (peer-to-peer) de fichiers musicaux, sites de partage de vidéos...
Point par point, les principales idées avancées par les tenants d'une révolution numérique en matière de culture et d'information sont ainsi examinées. L'objectif est d'introduire de la complexité et de la nuance dans des couples d'opposition qui, de façon trop simpliste, décrivent un avant et un après Internet : verticalité de la diffusion / horizontalité des échanges ; passivité de la consommation mass-médiatique / activité de l'internaute ; contrôle industriel de la production / liberté de la création amateur.
De préférence à une révolution supposant l'éradication de l'existant, l'analyse proposée ici invite à discerner des évolutions dans les mouvements et mutations actuellement à l'oeuvre. La défense de cette thèse débouche sur la formulation de propositions d'ordre méthodologique permettant de mieux appréhender la reconfiguration des productions informationnelles et des pratiques culturelles avec l'internet.