Sans la mer, a-t-on dit, la civilisation n’aurait pu se développer, et le monde serait resté barbare. Cet élément, dès les temps primitifs de l’humanité, n’a pas seulement réuni les peuples les plus éloignés, il a encore inspiré aux nations anciennes l’idée de l’infini, conception qui touche à celle de la divinité : Homère et les mythologues indous croyaient, l’un au fleuve Océan, les autres à une étendue liquide sans bornes, comme l’espace. Enfin, les pêcheurs qui jetaient leurs filets grossiers dans les criques des Cyclades furent peut-être les premiers naturalistes, de même que les navigateurs phéniciens ont été les premiers ingénieurs maritimes.
De nos jours encore, toutes les sciences trouvent dans l’océan, ou bien un champ d’exploration pour ainsi dire illimité, ou bien un ennemi qu’il faut réduire. Les zoologistes, installés dans leurs laboratoires, s’efforcent de déterminer les êtres que la sonde ramène des profondeurs les plus effrayantes ; les hydrographes et les constructeurs étudient les courants, élèvent des jetées, creusent des ports. Le public visite les aquariums, admire les digues, les dragages et applaudit à ce qu’il voit, mais il ne voit pas tout. Notre but est d’exposer, ce qu’on connaît bien moins, les recherches des savants plus modestes qui se sont préoccupés de la constitution chimique et des propriétés physiques des eaux de mer.