L'échelle invisible
Gravir avec lenteur, là où disparaissent
les chemins, les sentiers, là où rien
n'altère la noble attente de la roche,
la trahison des graviers, les cris du glacier,
« L'homme passe l'homme » écrit Pascal. Encore faut-il pouvoir entendre
résonner en soi le bruit de la source - la parole de l'origine - qui nous
appelle à nous dépasser. L'échelle invisible désigne moins un passage
qu'un espace dans lequel la Parole peut s'entendre : dans les mots
du poète « qui aspire au ciel ». Cette aspiration est universelle, mais
c'est dans la solitude d'un chemin toujours particulier - celui de sa
propre existence - qu'elle acquiert une valeur exemplaire. L'échelle est
invisible. C'est la grâce de la parole du poète que de la faire apparaître
dans la confidence d'une expérience dans laquelle nous pouvons
puiser la force de notre propre ascension.
et confier à la cascade que crache la glace,
mourant dans un lac, oublié de la vallée,
quelques secrets, quelques blessures, quelques prières ;
la plénitude d'être là, si seul, ivre de toi.