L'échoppe de bordeaux
Patrimoine mondial de l'humanité
L'échoppe est la maison emblématique de la ville de Bordeaux. Les habitants y lisent un type d'habitation qui fait partie de leur identité et les visiteurs s'étonnent des longs linéaires de rue que les échoppes partagent avec les maisons à un étage dont elles dérivent. Si habiter dans une maison mitoyenne est chose habituelle dans les villes françaises au XIXe siècle, la qualité architecturale des maisons bordelaises est remarquable par l'usage systématique de la pierre, souvent sculptée, même pour les maisons les plus modestes.
Ce nouveau livre sur l'échoppe de Bordeaux reprend l'analyse de sa version en petit format par l'auteure, parue chez le même éditeur en 2018, mais en y ajoutant le regard d'un photographe. Le texte développe l'histoire de cette maison et montre la richesse des variations formelles et programmatiques qu'elle propose à partir d'un schéma spatial assez simple, les populations et les activités différentes qu'elle est apte à abriter, jusqu'à ses transformations contemporaines par des habitants qui l'apprécient toujours autant.
Pourtant la fortune critique de l'échoppe a été fluctuante au cours du XXe siècle. Vilipendée dans les années 1950 par les édiles pour les paysages monotones de ses rues et pour des caractères alors considérés comme insalubres, elle n'a pourtant jamais été abandonnée par les habitants. Dans les années 1980, le renouvellement des générations induit une gentrification des quartiers qu'elle occupe en même temps que disparaissent les lieux de travail avec lesquels elle partageait l'espace. Au milieu des années 2000, le dernier jalon de cette évolution se traduit par l'intérêt très nouveau suscité par cette « petite banlieue » auprès des édiles qui l'érigent en patrimoine reconnu, intégré par l'Unesco dans le périmètre labellisé « patrimoine mondial » en 2007. Élaborer des solutions pour préserver les paysages de la « ville de pierre » conduit à tenter un équilibre difficile entre le quotidien d'un patrimoine habité et sa reconnaissance comme patrimoine de l'humanité.
Les nombreuses photographies assorties de légendes qui enrichissent le texte d'origine dialoguent avec les dessins d'archives. Au-delà des échoppes qui illustrent l'ordinaire de cette famille de maisons, le choix a été fait d'en montrer des spécimens qui, tout en ne sortant pas de leur fratrie, en sont des représentants exceptionnels qui, dispersés dans la ville, sont plus difficiles à découvrir pour le promeneur.