La diffusion technologique surprend par son ampleur et sa vitesse.
Les écrans (télévisions, téléphones portables et ordinateurs) ont envahi
notre quotidien et particulièrement celui des enfants dont
l'extraordinaire capacité d'assimilation étonne. Le poids des images
prend là une dimension nouvelle.
Voracement chronophages, ces médias, tantôt de masse, tantôt
intimistes, bénéficient, auprès des jeunes, d'un fort capital attractif. La
distance médiatique et numérique qui sépare les jeunes générations des
plus anciennes est flagrante. Ce fossé générationnel est aussi culturel
et permet de constater à quel point s'opposent ces deux modes de
socialisation de l'enfant : l'école et les médias. Leur omniprésence
interpelle doublement les enseignants, sur la question du rôle de
l'école et de leur formation, mais aussi celle de leur public.
Survalorisés dans notre société, ces outils de communication et
d'information s'introduisent, peu à peu, dans la citadelle scolaire. Mais
ceci ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. Sur la palette d'outils de
l'enseignant, les médias ne figurent pas tous comme des instruments
pédagogiques ordinaires. Or, leur maîtrise n'est pas innée et selon leur
héritage, leurs élèves disposent, en la matière, de capitaux inégalement
répartis. L'école est la mieux placée pour transmettre, dans un souci
égalitaire, une armature intellectuelle adéquate. C'est aussi par son
apport que les médias peuvent devenir éducatifs, dans et hors de ses
murs, ce qui devrait rassurer les enseignants encore rétifs. Apprendre à
apprendre des médias doit s'enseigner, à l'école notamment, afin que
chacun puisse se les approprier et vivre en les maîtrisant.
Le besoin d'une éducation aux médias se fait de plus en plus
cruellement ressentir. Elle requiert la contribution des professionnels
des médias et de l'éducation, sans pour autant en dédouaner les parents
dont le concours, lui aussi, est indispensable, à la fois à sa légitimité
mais aussi à son efficacité.