Que reste-t-il de la querelle scolaire et du vieux clivage entre «pédagogues»
et «républicains» ? Partis de convictions très divergentes,
Denis Kambouchner et Philippe Meirieu font aujourd'hui, avec
Bernard Stiegler, le constat que les termes dans lesquels se posa
cette querelle ont perdu de leur acuité dans le contexte de la vaste
mutation engendrée par les nouvelles technologies. Ces nouvelles
technologies créent les conditions d'une démocratisation inespérée
de l'accès au savoir ; mais en même temps, associées à un consumérisme
effréné et à un marketing intrusif, elles apparaissent comme
les vecteurs d'un système toujours plus perfectionné de captation
des esprits. Une telle évolution met à mal les équilibres fondamentaux
de l'éducation scolaire. Surtout, l'école n'est pas armée pour
penser cette mutation : ni pour remédier à ses effets les plus perturbants,
ni pour s'assurer la maîtrise et l'usage effectif des potentialités
qui lui sont liées. Il y a urgence.
Plus que jamais les esprits ont besoin d'une solide formation du
jugement, de méthodes et de repères que seule l'école peut, à
l'échelle d'une société, enseigner. Au fil de leur conversation, les trois
interlocuteurs s'entendent pleinement sur l'importance de réaffirmer
une haute ambition pour l'école.