Alors que la reconstruction matérielle du pays
s'achevait au milieu des années Vingt, il en allait
de même pour le champ politique français. À
partir de 1924, le retour à une nette bipolarisation
entre gauche et droite eut un effet structurant
sur le champ politique français, qui n'avait plus
connu une telle configuration depuis le début
du XXe siècle. Les élections de 1924, marquées
par la victoire du Cartel des gauches face au
Bloc national, apparaissent comme une césure
politique, largement négligée par l'historiographie
de l'entre-deux-guerres depuis les années 1970.
De 1924 à 1926, les organisations hostiles au
Cartel, de nature politique ou associative, à l'instar
de celles entendant représenter les intérêts des
catholiques ou des commerçants et artisans,
développèrent une culture et des pratiques
d'opposition nouvelles, visant à moderniser et
adapter leurs structures et leur fonctionnement
à l'ère des masses. Mais malgré le ciment
de l'anticartellisme, des divisions structurelles
persistaient au sein de l'opposition selon des
lignes de clivages tant doctrinales (sur la laïcité,
la politique étrangère ou le parlementarisme),
que stratégiques (attitude d'intransigeance ou
de conciliation vis-à-vis des radicaux). Dans leur
ensemble, ces divisions, mais aussi les débats
et les pratiques politiques qui s'épanouirent
pendant ces deux années, perdurèrent jusqu'au
milieu des années Trente.