Selon certains, l'économie d'Ancien Régime ne serait qu'une période de transition entre le système féodal et l'ère industrielle, dont l'intérêt ne tiendrait qu'à ce qu'elle laisse apparaître de la genèse du capitalisme. Le projet de Jean-Yves Grenier est tout autre.
Par son étude des archives sur les prix, les salaires et les documents de la pratique (rapports d'intendants ou d'inspecteurs de manufactures), par sa relecture des textes de Quesnay, Turgot, Necker et des économistes du XVIIIe siècle, le directeur de la rédaction des Annales, chargé de recherches au CNRS, définit les principales caractéristiques d'un monde économique incertain. Marchés instables, institutions financières faibles, comportements imprévisibles, absence de vraie régulation : l'économie des XVIIe et XVIIIe siècles, soumise à des ajustements permanents, a pour cadre une temporalité marquée par l'aléatoire.
S'inscrivant dans la lignée de l'historiographie française d'Ernest Labrousse à Emmanuel Le Roy Ladurie, Jean-Yves Grenier parvient à spécifier la nature des échanges et de l'activité économique à l'âge préindustriel, et réhabilite une période qui mérite d'être considérée pour elle-même avec le plus grand sérieux.