Après le lycée d'Angers où il enseigne la philosophie à partir
d'octobre 1881, Bergson est nommé à Clermont-Ferrand le
28 septembre 1883 : il y restera cinq ans. Au-delà de l'ambiguïté du «mythe
de Bergson à Clermont», alimenté par les témoignages de Joseph Désaymard
d'abord, de Gilbert Maire ensuite, ces leçons, transcrites au fur et à mesure de
l'exposition ou tout simplement dictées, étant en pur style oral, nous font
pénétrer dans sa classe de terminale, nous montrent un professeur aux prises
avec le devoir de préparer ses élèves pour le baccalauréat. En effet, selon des
propos qu'il tiendra bien plus tard, dans l'enseignement on doit livrer «les
vérités traditionnelles, celles sur lesquelles, comme dit Descartes, s'accorde le
gros des sages». Ce qui n'exclut pas sans doute que des thèmes proprement
bergsoniens développés dans ses oeuvres futures, apparaissent déjà dans les
cours.
Ce deuxième volume contient les leçons d'histoire de la philosophie selon
le manuscrit Eugène Estival, mais aussi des extraits et quelques cours
complets tirés des notes prises par Adolphe Achard et Émile Cotton.
Estival fut l'élève de Bergson en classe de philosophie pendant
l'année scolaire 1885-1886, tandis qu'Achard et Cotton le furent pendant les
deux années suivantes.